« En amour, rares sont ceux qui sont raisonnables et il y a de cela des siècles, Romeo et Juliette nous l'ont montré. Mais... Mais si Juliette et Roméo avaient été plus responsables ? Si au lieu de choisir l'Amour envers et contre tout, ils avaient choisi le Devoir ? Qu'en serait-il aujourd'hui des Capulet, des Montaigu et de Vérone ? »

AVRIL 2012 ◮ VÉRONE

Maurizio Rino Escalús est assis face à son bureau. Il est pensif aujourd'hui, pire, il a l'air décapité. Le regard vide, le cœur serré, quelqu'un qui ne vivrait pas à Vérone se demanderait sans doute pourquoi cependant tous les habitants de la ville connaissent la raison. Il lutte, il travaille dur, en mémoire de ses ancêtres mais aussi parce qu'il sait que Vérone mérite mieux que tout ça. Pourtant, chaque fois c'est pareil : il échoue.

30 mars 2012
Seize. Bientôt le printemps arrivera et Vérone vient de voir une seizième personne mourir dans ses rues durant cette fameuse année. En juin alors que les deux clans n'avaient fait aucune victime, j'avais espoir. Espoir en cette ville, dont je suis le maire depuis maintenant vingt ans. Espoir d'un renouveau après des siècles de guerre. Seulement le 22 décembre quand Tybalt est mort, j'ai tout de suite su que l'Espoir s'évanouirait bien plus vite qu'il n'était apparu. Et aujourd'hui nous en sommes à seize morts. Seize personnes qui étaient aimées, seize personnes dont des centaines avaient besoin. Car oui, ils n'étaient pas que des habitants de Vérone, mais aussi et surtout des maris, des épouses, des enfants, des parents parfois même... Ils étaient quelqu'un d'important pour certains mais une fois encore, la ville les a emportés. Les Capulet et les Montaigu les ont emportés. Ce combat, cette guerre dure depuis trop longtemps et je commence à me résigner. Oui, je commence à croire que tout cela ne prendra jamais fin...
extrait du journal de Maurizio Rino Escalús (maire de Vérone)