Les Ailes de l’Ange












La plus grande souffrance est de se sentir seule, sans amour, abandonnée de tous.
Mère Teresa

Spoiler:

Introduction


- Allez gamine, réveilles toi !

Je sens qu'on me secoue. Fort. J'émets un grognement. Ma tête me fait mal, mes yeux gonflés refusent de s'ouvrir. Que s'est-il passé ? Je n'en sais rien. Mais il faut que je le découvre. Alors, je m'assieds en y mettant toute mon énergie. Prise de vertiges, je manque de tomber en arrière mais quelque chose me retient. En tournant la tête, je vois une menotte attachée à mon poignet. Cette dernière est reliée à un tuyau quelconque. Avant que je ne puisse bouger, une lumière aveuglante me fait fermer les yeux. Le temps que ma vue s'adapte à cette clarté, je laisse mes autres sens découvrir le lieu dans lequel je me trouve. L'odorat distingue une odeur de moisi et de renfermé. C'est déjà un endroit clos et peu aéré. L'ouïe, elle, identifie une résonance. Cette résonance est le résultat de bruits de pas qui approchent. Une porte grince. J'en profite pour essayer de saisir ce qu'il se dit.

- Alors ?
- Elle vient de se réveiller chef !
- Bien, laissez-moi seul avec elle.

Les pas se rapprochent et la porte se referme avec un bruit sourd. Ma vue s'étant adaptée à l'éclaircie, je distingue un homme d'environ une quarantaine d'années. Il est habillé d'un tee-shirt simple et d'un jean troué à divers endroits. Son visage est marqué de diverses cicatrices dont une lui traverse tout le visage. Sa bouche est tordue en un rictus mauvais et moqueur. Les muscles qui apparaissent sous son haut et continuent sur ses bras me font peur.
Il s'accroupit à ma hauteur et parle d'une voix rauque et profonde.

- Où est ma cam ?

Sa voix a beau être calme, ses yeux, eux, lancent des éclairs. Je ne veux pas avoir affaire à lui. Or, je ne vois pas de quoi il peut parler. Je décide donc de garder le silence. Mal m'en pris. L'homme se lève et me gifle violemment. Ma tête tourne rapidement sur la droite et je sens un liquide chaud au gout d'acier m'envahir la bouche. Hargneuse, je veux me jeter sur mon agresseur mais la menotte m'en empêche. Je décide donc de le lorgner. L'homme rit à gorge déployée mais se reprend vite. Il se rapproche et me repose sa question, son haleine infecte m'empêchant de respirer un autre air. Pour ne pas sentir cette affection, je retiens mon souffle. Seconde erreur. Mes lèvres pincées ont dû lui faire penser à de l'obstination. Il grogne et me prend à la gorge pour me plaquer contre le mur qui dégagea alors de la poussière autour de nous. Paniquant, je tente de griffer mon geôlier au visage. Cela l'amuse plus qu'autre chose. Alors, je m'arrête lui montrant que je ne suis pas un jouet. Agacé par mon attitude, il me relâche et je tombe au sol car, avant de me prendre à la gorge, il m'avait enlevé la menotte qui m'entravait. Je sens sous mes doigts un sol de terre battu, sale et cabossé. Avec les éléments que j’ai distingué précédemment, je pense me trouver dans une cave. J'attends que les étoiles de toutes les couleurs finissent de scintiller sous mes paupières puis je me relève. Courbée en deux, j'essaye de reprendre mon souffle. L'homme s'éloigne et se pince l'arête du nez.

- Alors comme ça, tu ne veux pas me dire où tu as planqué ma Coc sale garce ?

Sous cette accusation, j'ouvre des yeux ronds. Je ne sais toujours pas ce qu'il veut dire. Devant mon air ahuri, il finit de me relever et me tient le bras d'une poigne de fer.

- Hier, tu étais chargée de me transmettre le chargement que l'on t’avait confié sauf que tu es arrivée sans rien au lieu du rendez-vous.
Je te le répète, où est ma commande ?

Il hurle sur cette dernière question et je commence à trembler. Je ne me rappelle pas de ma journée d'hier. Par un effort surhumain, je le regarde droit dans les yeux avec une lueur de défi dans le regard. Je crache par terre et laisse mon visage exprimer toute la haine qui se trouve au fond de moi cachée quelques instants avant par la peur. Mais mon caractère d'avant ressurgit et je prends mon courage à deux mains.

- J'sais pas où est ta cam sale con !
- Tu te fous de ma gueule ! Tu vas le payer petite trainée !

Et, sans comprendre, je me retrouve au sol. Du sang coule dans mes cheveux et m'obscurcit la vue lorsque le premier coup de pied m'atteint à la tête. Cependant, je ne perds pas connaissance et je sens tous les coups qui pleuvent sur mon corps recroquevillé en chien de fusil. Cela me fait mal mais pas question de montrer à cette raclure combien je souffre. Je retiens donc mes larmes et serre les mâchoires pour retenir le hurlement qui enfle dans ma poitrine Comment ai-je pu tomber aussi bas ? Une réponse simple me vient à l'esprit. Je n'ai pas obéi à mes parents, j'ai choisi les mauvaises fréquentations et j'ai perdu les gens qui m'aimaient. Et voilà où ça mène !
Je repense à mon ancienne vie avant qu'un coup plus fort que les autres ne me fasse sombrer dans le néant.

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